D'Hadopi à Megaupload, de Philippe Bailly

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Partagé sur twitter par @PascalNegre, président d’Universal Music France, j'ai lu un billet de blog pro-HADOPI de Philippe Bailly, et j'aimerai en discuter ici certains points.

Intitulé "D'Hadopi à Megaupload : les enjeux clés et la tentation de l'abrogation" (blog.lefigaro.fr), le billet tente de défendre l'intérêt de la HADOPI, et arrive à la conclusion qu'une nouvelle loi soit sans doute nécessaire, que ce soit la "HADOPI 3" que propose Nicolas Sarkozy, ou ce que propose François Hollande cette semaine.

L'auteur commence par situer le débat, en indiquant que les discussions sur le sujet sont "un enjeu électoral mineur", ce qu'il faut bien reconnaître, malheureusement. Il y a des sujets autrement plus graves et qu'il faudra aborder lors de la campagne présidentielle. Ce qui me chiffonne, ce n'est pas qu'une industrie en déclin cherche à attaquer ses propres clients (les études montrent que ceux qui téléchargent le plus sont aussi ceux qui consomment le plus), mais pourquoi le gouvernement devrait les aider à se tirer une balle dans le pied ?

Par ailleurs, il s'agit encore une fois de chercher à contrôler Internet, dont on avait pourtant applaudi les mérites lors des révolutions du printemps arabe. En prétendant chasser des épouvantails, que ce soient les "pirates" un jour ou les pédophiles un autre, on cherche à contrôler, resserrer la vis, réduire le champ des libertés numériques.

Dans la suite du billet de blog, l'auteur mentionne que le budget et les effectifs de la HADOPI sont faibles, par rapport à d'autres structures telles que la CNIL ou le CSA. Quoi qu'il en soit, ça me dérange de dépenser 13 M€ pour un truc inutile, je suis sûr qu'en temps de crise on pourrait trouver un usage à cet argent.

Le billet conclut qu'une évolution des lois en matière de copie privée, de licences, etc. est nécessaire, ce que j'admets. En revanche, je pense que la création de la HADOPI à été une étape dans le mauvais sens, et qu'il ne serait opportun de revenir un peu en arrière.

Au final, le "piratage" est principalement le problème d'une industrie, qui doit trouver des solutions, telles qu'une offre légale adaptée, sans demander au gouvernement d'intervenir à tout bout de champ.

Commentaires

1. le 27 janvier 2012 (18 h 23), par Nyco :

Belle analyse de la situation. Au final, comme nous tous, les magnats de l'industrie du divertissement ont simplement peur du changement.

Internet a permis à tout à chacun de s'exprimer. Pas toujours dans le bon sens certes, mais aujourd'hui, avec de l'idée, du travail, quelques moyens et du talent, n'importe-quel artiste avec un accès à Internet peut s'auto-produire et s'auto-promotionner et se passer du carcan imposé par les labels/majors. Tout va très vite, et là où il fallait des mois et des millions dépensés en spots TV et publicités radio pour lancer un single, il suffit désormais d'avoir un compte Youtube et les bonnes recettes du Web 2.0. 

Les majors/labels ont également perdu le monopole de la distribution qu'ils avaient avant la démocratisation du tout dématérialisé simple, rapide et à un prix attractif par les iTunes, Steam et consorts. Louis C.K. est un bel exemple de cette indépendance nouvelle, qui prouve qu'on peut gagner de l'argent (beaucoup d'argent) en proposant un produit facile d'accès à un prix abordable. 

L'industrie de l'Art a vécu sur des bases et des marges confortables jusque là. Ils ont regardé Internet de haut, ils ont pensé qu'ils pouvaient continuer à nous contrôler avec des médias vieux de plus d'un siècle. Ils se croyaient intouchables, indispensables.

Ils ne leur reste que 2 choix possibles: s'adapter et apprendre à partager leur poule aux oeufs d'or copyrightée, ou essayer à tout prix de garder le contrôle sur une boîte de Pandore qu'ils ne pourront jamais refermer.

2.Commentaire de l'auteur, le 01 f?vrier 2012 (10 h 12) :

Sans oublier que la seule "preuve" de l'efficacité d'HADOPI, cité dans ce billet, est un sondage réalisé en juillet 2010 par l'IFOP ! lol.

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