Le viol de Lara Croft

. lecture : 5 minutes

Scandale dans le monde du jeu vidéo : Dans la bande-annonce du prochain "Tomb Raider", on découvre la belle Lara Croft, victime d'une tentative d'agression sexuelle :

Le violeur se fait démonter

couverture du magasine Joystick

Mais ce qui fait surtout scandale en France, c'est une réflexion de l'auteur d'un article du magazine Joystick :

Faire subir de tels supplices à l’une des figures les plus emblématiques du jeu vidéo, c’est tout simplement génial. Et si j’osais, je dirais même que c’est assez excitant.

Joystick, hors série du 3 juillet

Ce traitement cavalier du sujet est très maladroit de la part du magazine, surtout que le reste du dossier est du même acabit, parlant des formes généreuses de l'héroïne, ce qui est peut-être obligatoire pour un jeu de cette série, devenue presque caricaturale.

Mais je ne vois pas là d'apologie du viol, bien au contraire ! Lara Croft a certes un physique avantageux, mais c'est aussi une femme forte, très indépendante et intelligente.

L'expression "Calvaire charnel" de l'article est également nauséabonde, comme le fait remarquer "Marlard" sur le blog (féministe?) Genre! :

“Calvaire charnel” n’est pas une expression de victime qui décrit son viol, ni une expression des femmes qui craignent la réalité du viol au quotidien. C’est une expression d’homme hétérosexuel qui fantasme sur une idée érotisée du viol.

marlard, sur le blog Genre!

Joystick a tout de même publié une réponse, via leur page Facebook :

« Machisme puant », « incitation à la violence », « apologie du viol ». Voilà un condensé de ce que l’on a pu lire, principalement sur Twitter, au cours de ces derniers jours. À l’origine de ces accusations : notre dossier consacré à Tomb Raider dans le Joystick 8H (sorti le 3 juillet dernier). Si vous aimez le magazine, veuillez nous excuser, nous n’allons pas traiter cette affaire avec notre style décalé coutumier. Tout simplement parce que le procès est trop gros, les accusations trop graves, pour qu’on réagisse avec notre ton habituel. Nous allons donc être sérieux quelques minutes.

Par où commencer ? Déjà par rappeler qu’il n’y a pas de viol, ni de tentative de viol, ni même d’agression sexuelle dans Tomb Raider. Une évidence que nous sommes contraints de repréciser, après avoir lu quelques tweets invraisemblables. Par ailleurs, le mot « viol » n’est employé qu’une seule fois dans notre article, précisément dans une phrase expliquant qu’il n’y a pas de scène de viol dans le jeu. Il n’y a évidemment aucune « apologie du viol » dans notre article. Pas plus qu’il n’y a de citations telles que « le viol, c’est génial », phrase que l’on nous a prêtée de manière arbitraire et fausse.

Venons-en au passage particulièrement incriminé, celui où l’on ferait prétendument l’apologie du viol. Le voici : « Faire subir de tels supplices à l’une des figures les plus emblématiques du jeu vidéo, c’est tout simplement génial. Et si j’osais, je dirais même que c’est assez excitant. » En effet, l’adjectif « excitant » n’a pas sa place à ce moment-là de l’article, à cause du double-sens malheureux qu’il peut suggérer. Le but de ce paragraphe, qui agit comme une première conclusion au cœur du dossier, est de résumer notre enthousiasme, notre excitation, au sujet du parti pris narratif des développeurs. Que vous le croyiez ou non, sachez que c’est l’idée de briser un personnage emblématique pour mieux le reconstruire qui nous a séduits et emballés. De plus, nous tenons à préciser qu’à aucun moment le fait que ce personnage soit une femme n’est entré en ligne de compte pour orienter notre article. Quand le personnage de James Bond est sali, battu et humilié dans Casino Royale, nous trouvons également cela « génial ».

Voilà qui conclut cette mise au point visiblement nécessaire au sujet d’une polémique qui a pris des proportions inattendues. Nous adressons nos excuses aux personnes sincèrement heurtées par notre dossier. Nous en profitons aussi pour regretter que certaines personnes, y compris des confrères qui auraient aisément pu nous contacter, aient hurlé avec les loups (du retweet sauvage et incohérent, surtout) sans prendre la peine de vérifier si les accusations étaient fondées ou non. On met ça sur le compte de ce théâtre à double tranchant qu’est Twitter.

Joystick, sur sa page Facebook

Commentaires

1. le 03 septembre 2014 (23 h 28), par noname :

L'utilisation de calvaire charnel est, il me semble, tout à fait adéquate dans la mesure ou il n'y a pas de viol dans ce jeu. C'est même indiqué!

“Calvaire charnel” n’est pas une expression de victime qui décrit son viol, ni une expression des femmes qui craignent la réalité du viol au quotidien. C’est une expression d’homme hétérosexuel qui fantasme sur une idée érotisée du viol.

C'est logique que ce ne soit pas une expression qu'une victime utiliserait pour décrire son viol puisque l'auteur (deez) n'est déjà pas une femme et n'est pas non plus une victime de viol et cerise sur le gâteau...il n'y a PAS de viol.

 

Si on s'en réfère à la définition des mots : 

 

Définition de calvaire, selon larousse en ligne : 

  • Souffrance morale, épreuve : La maladie de son mari a été pour elle un calvaire. 
  • (Notez l'exemple très bien choisi qui prouve que ce mot n'est pas anodin)
  • Définition de charnel : 
  • Littéraire. Qui concerne le corps, par opposition à l'esprit : La beauté charnelle.
  • Qui se rapporte aux plaisirs des sens, à l'activité sexuelle : Appétits charnels.
  • (notez que le mot a un double sens mais que personne n'a demandé à l'auteur le sens qu'il utilisait)

Du coup, l’utilisation est atypique, certes et l'est dans un contexte pas terrible mais est parfaitement utilisable.  Surtout que c'est mar lard qui porte une accusation très grave contre l'auteur du magazine. 

L'ajout de commentaires est désactivé.