Pascal Nègre, la classe internationale.

. lecture : 5 minutes

Georges Moustaki est mort, ce 23 mai. Comme c'est l'usage, les figures publiques lancent de petits hommages au disparu, qu'on sait pas forcément sincères, mais nécessaires pour honorer la mémoire du mort.

Sur Twitter, le président d'Universal Musique France se prête à l'exercice, et là, c'est le drame :

Manque de tact, maladresse ? On dirait presque que le PDG de la maison de disque… rend un hommage et fait la pub de sa boutique dans le même message ? Non, on a dû mal comprendre, sans doute.

Quelques-uns viennent à son secours, expliquant, à sa place, que "@pascalnegre entendait simplement préciser qu'il n'avait pas tous les enregistrements de Moustaki" (@ZaraA). smiley branlette

D'un autre côté, la veille, on a eu droit à

Serait-il possible que ce grand patron ne se rende pas compte que ce genre de message parait très indélicat ? À l'occasion du décès de Daniel Darc, plus tôt cette année, M. Nègre avait eu le tact de patienter 20 minutes, comme le veut la tradition.

pascal nègre sur twitter, cherché avec snapbird.org

Internet étant ce qu'il est, les réponses outrées ne tardent pas, et le mot-dièse "#TweeteCommePascalNegre" prend son envol, rapidement riche en bons mots : "Mort de Amy Winehouse. -15% chez Nicolas" (@flogazan), "Encore un suicide chez France Telecom - Orange. Profitez de 30% de réduction sur le forfait Soir & Week-end !" (@schmouf), "Le gamin de mes voisins est mort d'une leucémie. Retrouvez tous ses jouets à prix réduit sur leboncoin.fr" (@Maitre_Eolas), etc.

Pendant ce temps, Pascal Nègre est interrogé par MYTF1News, et il assume complètement ses propos. Il ne comprend pas, il a simplement voulu souligner qu'Universal est fière d'avoir collaboré avec l'artiste, soit. Il ne peut toutefois résister à l'envie d'en rajouter une couche, que la polémique est organisée par "les 5 personnes qu'(il) ennuie quand (il) évoque les problèmes de piraterie". Heu, ah bon ? smiley Hein

Par blogs interposés, la polémique continue et enfle sur le reste du web, avec d'un côté ceux qui n'en reviennent pas qu'on puisse être aussi intéressé, ou si sot qu'on ne puisse même pas voir le problème.

Mieux encore, plus tard, sur le plateau télé où vous vous êtes empressé de courir vendre ce que vous avez à vendre, vous avez chiqué les étonnés, les surpris, les je-ne-vois-pas-de-quoi-l’on-parle. Vous avez considéré que ceux que vous choquiez étaient soit des imbéciles qui ne comprenaient rien à la musique, soit des pirates qui vous attaquent parce que vous luttez contre le téléchargement illégal. Je ne vois pas tellement le rapport entre ça et votre choucroute, pour tout vous dire.

Jean-Christophe, sur "Les Chroniques de l'Ornithorynque"

De retour sur Twitter, M. Nègre retweete, partage les quelques sites qui lui donnent raison, ce qui nous offre alors des perles comme l'édito de Benjamin Lemaire, qui semble confondre vulgarité et esprit.

Puis arrive l’indignation sur Twitter. Ceux qui se sont auto proclamés influents et de gauche et qui tapent sur tout ce sur quoi il fait bon taper. […] Les mêmes aussi qui tapinent auprès d’une agence pour une place de concert et suce [sic] les attachés de presse pour un DJ set cannois.

Benjamin Lemaire, sur LeTransistor.com

Qu'est-ce que la gauche a à voir là-dedans ? C'est puéril : si on est choqué par la phrase du PDG, c'est forcément qu'on est un sale pirate gaucho ? De gauche, comme Moustaki lui-même en quelque sorte, qui offrait son soutient au NPA l'année dernière ? Le reste de l'édito est du même tonneau, le genre qui donne envie de se laver les mains après lecture, crachant sur tout le monde et prenant les gens de haut.

Jean-Marc Proust, sur Slate.fr, apporte un regard différent sur la polémique, en commençant par rappeler qu'utiliser la mort de quelqu'un pour se faire mousser, après tout on le fait tous. Enfin, si la majorité des gens est choquée, c'est parce que les Français ont un rapport honteux avec l'argent. Eh oui ! Si la nécrophilie vous gêne, c'est que vous n'êtes pas à l'aise dans votre sexualité.

Commentaires

1. le 27 mai 2013 (12 h 24), par KG :

Sympa l'article.

Il serait marrant de regarde si, quand l'artiste décédé n'est pas chez Universal, il tweete un hommage...

Ce qui m'a gêné effectivement c'est la récupération dans le même tweet. On le sait tous que le business de la mort est très efficace (il arrive fréquemment que les ventes de disques d'un artiste explose à sa mort, sûrement grâce à la médiatisation et la sortie de "best of" ou d'intégrales), du coup est-ce nécessaire de faire ce genre de phrase ? D'autant que tout le monde s'en fout de savoir chez qui l'artiste est édité, y'a du monde qui regarde cette info avant d'acheter ?

Il aurait mieux fait de se contenter d'un hommage. Ca n'aurait rien changé aux ventes :)

L'ajout de commentaires est désactivé.