L’usine à musique : la pop

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J'ai écouté, il y a quelque temps, un épisode de l'émission de NPR "Planet Money", qui se consacrait à la chanteuse Rihanna et à l'écriture d'une nouvelle chanson. Ce procédé est également le sujet d'un article du New Yorker, "The Song Machine".

On s'éloigne franchement du cliché de l'artiste qui créé quelque chose qu'il veut exprimer, et on s'approche davantage d'une entreprise qui recherche et vend un produit. Je vais passer pour quelqu'un de bien niais, mais je n'imaginais pas que le concept était poussé à ce point.

Source de l'image : NPR's Planet Money
estimation des coûts pour produire une nouvelle chanson

On fabrique une chanson en quelques jours, on trouve une mélodie à acheter, on la refile à une de ses artistes sous contrat, et voilà le produit. On demande aux radios et chaînes musicales de la passer 100 fois par jour, et les gens achètent. Je ne vois pas bien la différence entre ça et n'importe quel autre produit créé en usine.

Pour Simon Frith, sociologue de musique anglais, et professeur émérite du département de musique de l'université d'Édimbourg,

La musique pop est produite "comme une entreprise et non comme un art", elle est faite pour "plaire à tout le monde", et "ne démontre aucun goût particulier". Elle n'est "pas créée dans un but précis si ce n'est le profit et le succès commercial… et, en termes de musique, elle est très conservative."

Elle est "produite de haut en bas, par des producteurs, des radios et des promoteurs de concerts, au lieu de se créer par le bas… La pop n'est pas une création musicale artisanale, mais professionnellement produite et mise en boite."

Simon Frith, The Cambridge Companion to Pop and Rock, traduction perso.

J'imagine que c'est de cette création artistique là que ceux qui ont écrit la HADOPI parlent.

Attention, je ne jette pas toute la musique pop dans le même panier, il y a bien sur de vraies créations dans ce genre.

Commentaires

1. le 02 octobre 2012 (15 h 33), par nyco :

Merci pour cet éclairage. Ca fait un peu peur, même si ça ne m'empêchera pas d'écouter de la musique bien "produite". Cela dit le matraquage radio est particulièrement dérangeant, je n'arrive pas à comprendre comment des gens peuvent écouter la radio sans calculer que toutes les (5) chansons sont coupées pour pouvoir caser plus de pub et se répètent à l'infini. Bien sûr je parle des NRJ, Virgin Radio, Fun Radio et consorts. France Musique rentre pas vraiment dans le cadre.

2. le 04 octobre 2012 (15 h 51), par KG :

Oh oui que c'est agréable d'écouter une radio du réseau Radio France. Par contre ils sont le même problème de répétition que toutes les autres radios.
Et encore, avec "toutes les (5) chansons" tu es gentil, je me souviens avoir écouté les grosses têtes une fois... Il y avait une coupure pub toutes les 3 répliques. C'est encore pire que de regarder une chaîne de la TNT.
ET écouter une radio toute la journée, je l'ai fais une fois, je ne referrais plus jamais !

Je suis surpris d'ailleurs que ça marche cette histoire de publicité... Perso j'en viens à détester certaines marques tellement leurs pubs sont présentes et pénible (genre Leclerc....). Oui je me souviens de la marque, mais pas en bien ! Alors peut-être que oui "l'important c'est de parler de la marque, en bien ou en mal". Mais j'en suis pas convaincu.

Sinon coté production facile, il y a quelques années, il y avait l'eurodance (qui explose aux US en ce moment), qui au final était PUREMENT un produit marketing et industrialisé. Les "groupes" n'existaient pas vraiment (ils faisaient 1 ou 2 chansons, voire un album quand ça marchait, mais rarement plus), les "performers" qu'on voyait sur scène n'étaient pas ceux qui chantaient réellement dans l'enregistrement, mais juste des "façades", c'était l'âge d'or du "single"... C'était le concept de musique-produit poussé au maximum.
Il faut croire qu'ils ont juste changé de style :)

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